Simone
Qui la connaît vraiment dans ce groupe ?
Qui sait depuis combien de temps elle fait du théâtre ici ?
« Elle était déjà là quand j’ai commencé » affirme Hortense.
« Avant moi aussi » ajoute Mathilde. Bref, elle est un peu comme le pilier du groupe. « Un vestige » précise-t-elle avec humour.
Seul Claude, leur metteur en scène - professeur, peut avoir la réponse.
Pour eux, elle est une incroyable personne. Si vous la croisez dans la rue, vous ne verrez rien d’extraordinaire, une femme âgée qui promène son chien… Un chien tellement dynamique qu’il a réussi à la faire tomber et à lui casser le nez et six mois plus tard le bras : Volontaire pourtant elle a continué à venir aux répétitions, et même à jouer avec un bras cassé !!
Pour ceux qui jouent avec elle au théâtre : elle est exceptionnelle. Elle est celle qui, malgré son âge, n’hésite pas à s’habiller en femme fatale avec lunettes de soleil, manteau de fourrure ou robe fourreau et fume-cigarette. Celle qui aussi peut oublier son texte ou inventer tout en continuant à JOUER. Elle interprète aussi bien les rôles drôles que dramatiques : une actrice exceptionnelle. Certaines se souviennent même avoir cru « la casser » en la poussant violemment dans une scène de bagarre : notre actrice inébranlable se relève vaillamment, réajuste sa perruque sans même s’apercevoir qu’elle vient de passer à côté « d’une fracture du col du fémur ». Le plaisir de jouer, le plaisir de rencontrer les autres : elle est tout ça.
Elle semble être un roc lorsque Claude, ne lui laissant rien passer, semble s’acharner sur elle. Elle et Claude, c’est sûrement bien plus qu’une simple relation d’acteur et de professeur, plus comme une maman et son fils : alors elle lui pardonne tout, même ses pires bêtises, il le sait, et il l’aime et l’adule son actrice.
Les autres ne la connaissent que par l’œilleton du théâtre, ne savent pas grand-chose de sa vie mais ils voient tous en elle une battante, une femme dynamique. Elle incarne l’envie de vivre.
Désormais tous devront faire sans elle.
La maladie a emporté bien vite cette belle femme qui ne se voulait pas malade. Six jours. Six jours c’est court et sans doute, pour elle, déjà bien long. Ses amis ont peut-être eu le temps de venir à son chevet, peut-être pas, mais tous sont tristes. Tous gardent en mémoire les moments qu’ils préfèrent d’elle : sa fête pour ses 80 ans, sa dernière prestation théâtrale, son rire qui envahit la pièce…
Hortense est fière d’avoir eu la chance de croiser une femme comme ça : généreuse, vive, discrète et aimant la vie … Fière et triste.
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