La mort intime- Marie de Hennezel
Ce livre retrace l'expérience de Marie de Hennezel, psychologue auprès de patients d'une unité de soins palliatifs.
Une expérience qui, là où beaucoup diraient tristesse pour la décrire, est en fait une expérience de vie, d'échange et de tendresse.
Alors que la mort est si proche, que la tristesse et la souffrance dominent, il peut encore y avoir de la vie, de la joie, des mouvements d'âme d'une profondeur et d'une intensité parfois jamais vécues.
Dans un monde qui considère que la "bonne mort" est la mort brutale, si possible inconsciente ou du moins rapide afin de déranger le moins possible la vie de ceux qui restent, un témoignage sur les derniers instants de la vie, sur l'incroyable privilège que peut représenter le fait d'en être témoin.
Marie de Hennezel montre comment les "mourants" ont besoin de sentir la richesse de leur vie et de la vie de ceux qui les entourent pour s'abandonner à la mort. Elle parle aussi de la difficulté des médecins d'accepter cette démarche.
Là dessus le dr Clément est formel. Si Patricia lui pose des questions claires concernant l'évolution de sa maladie, il lui dira qu'il est arrivé au bout de ses ressources thérapeutiques. Ce n'est jamais facile d'assumer cette impuissance là. Formé à guérir, il voit presque instinctivement la mort comme un échec. Il a fallu à ce médecin (...) une remise en question courageuse pour accepter ses limites et donner, à travers cette acceptation une dimension plus profonde à son métier.
Peut être aussi un livre sur la différence...
"c'est le regard de l'autre qui me constitue" disait Lacan. Cela n'a jamais été aussi vrai qu'avec ceux qui souffrent d'une atteinte de l'image de soi. Je sais pour l'avoir constaté qu'on peut finir par oublié qu'on a un corps dégradé, parce que l'on est soi, parce que les autres posent encore sur vous un regard plein de tendresse et ne soulignent pas votre déficience corporelle.
Une réflexion riche, intéressante et profonde qui fait s'interroger sur ses propres représentations de la mort et de l'accompagnement des "mourants". Une belle leçon de vie.